Cambriolages

Observer dans la durée les cambriolages

 

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Cette observation sur le long terme concerne seulement le cambriolage de la résidence principale ou de ses annexes dans la mesure où les cambriolages d’autres lieux ne sont pas pris en compte dans toutes les enquêtes que nous utilisons.

I. Une baisse de longue durée suivie d’une importante remontée

Figure 1 : Cambriolages de la résidence principale, ménages victimes dans la population (prévalence). Diverses enquêtes, 1984-2020*

Sources : CESDIP, INSEE, IPR                              Champ : variable selon les enquêtes                                                                                                                           * La nouvelle enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) n’est pas encore disponible sous une forme qui permette de poursuivre à partir de 2022 la mise en série des victimations (voir https://oscj2.cesdip.fr/nos-activites/choix-methodologiques/)

Le cambriolage a fortement diminué par rapport à son niveau des années 1980, mais il est reparti à la hausse en fin de période (pour lire la suite, cliquer ici).

 

II. Enquêtes et statistiques de police ne concordent guère

Figure 2 : Ensemble des cambriolages de la résidence principale, enquêtes nationales et statistiques policières, (en milliers) 1984-2020*

Sources : CESDIP, INSEE, SSM-SI                                 Champ : France métropolitaine                                                                                                                  * La nouvelle enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) et la nouvelle présentation des statistiques de police ne sont pas encore disponibles sous une forme qui permette de poursuivre, à partir de 2022, la mise en série (voir https://oscj2.cesdip.fr/nos-activites/choix-methodologiques/)

L’écart entre les données d’enquêtes et les statistiques policières est important : il excède toujours un rapport de 2 à 1 (pour lire la suite, cliquer ici ).

Cette situation inattendue semble due en grande partie à une divergence d’appréciation sur les tentatives, comme si le policier hésitait à enregistrer sous la rubrique cambriolages des incidents – par exemple une serrure endommagée – que l’enquêté, lui, interprète comme des tentatives de cambriolages[1]. Si, au contraire, on se borne aux seuls cambriolages réussis (figure 3), la courbe policière entre dans l’intervalle de confiance des colonnes de l’histogramme des cambriolages suivis de dépôts de plainte. Cette figure montre aussi que la différence entre le nombre de cambriolages indiqué par les enquêtes et celui enregistré par la police et la gendarmerie se réduit considérablement quand on considère seulement les cambriolages réussis.

 

Figure 3 :Cambriolages de la résidence principale réussis, enquêtes nationales et statistiques policières (en milliers) 2003-2020*

Sources : INSEE, Intérieur (SSM-SI)                           Champ : France métropolitaine                                                                                                                    * La nouvelle enquête Vécu et ressenti en matière de sécurité (VRS) et la nouvelle présentation des statistiques de police ne sont pas encore disponibles sous une forme qui permette de poursuivre, à partir de 2022, la mise en série (voir https://oscj2.cesdip.fr/nos-activites/choix-methodologiques/)

En revanche, la plus grande ancienneté des données policières permet de relativiser les mouvements récents en les replaçant dans une perspective chronologique plus longue. La figure 4 fait bien voir une très forte croissance au cours de la décennie 1970 suivie d’une sorte de plateau haut de longue durée où baisse puis reprise récente constituent seulement des oscillations de faible amplitude par rapport à la montée antérieure[2].

 

Figure 4 : Cambriolages de la résidence principale dans la statistique de police, 1972-2020*
Source : Ministère de l’Intérieur                                      Champ : France métropolitaine                                                                                                                   * La nouvelle présentation des statistiques de police n’est pas encore disponible sous une forme qui permette de poursuivre, à partir de 2022, la mise en série (voir https://oscj2.cesdip.fr/nos-activites/choix-methodologiques/)

Pour savoir qui sont les cambrioleurs, les enquêtes de victimation sont inutilisables, puisque les cambriolés connaissent rarement leurs cambrioleurs. Mais les statistiques de police ne le sont guère davantage : elles ne connaissent le cambrioleur que dans les rares cas où un suspect a pu être identifié et entendu (élucidation). Pour les cambriolages de résidence principale en 2017-18, cela représente 45 milliers sur 1 300 milliers dénombrés dans les enquêtes de victimation, soit 3,5%. Que cette minuscule proportion donne des résultats représentatifs de l’ensemble des cambriolages de la résidence principale subis tiendrait du miracle.

 

Figure 5 : % d’affaires élucidées (selon la statistique de police*) par rapport aux cambriolages de la résidence principale (selon l’enquête CVS 2017-18)

                                                    Sources : INSEE ; Intérieur (SSM-SI)                         * La  nouvelle présentation des statistiques de police n’est pas encore disponible sous une forme qui permette de mettre à jour, à partir de 2020, la mise à jour de ce calcul (voir https://oscj2.cesdip.fr/nos-activites/choix-methodologiques/)

 

III. Le profil des cambriolés : une surexposition des ménages favorisés, urbains et parisiens

            Pour caractériser le profil des cambriolés, nous allons travailler sur l’empilement des enquêtes Cadre de vie et sécurité (CVS) de l’INSEE. Nous chercherons en quoi leurs caractéristiques se singularisent par rapport à celles de l’ensemble de l’échantillon. On considèrera seulement les cambriolages (tentés ou réalisés) de la résidence principale. S’agissant d’une victimation de ménage, on négligera les caractéristiques purement individuelles de l’enquêté (sexe, âge, diplôme…) mais on tiendra compte de la PCS de la personne de référence du ménage, qu’elle soit l’enquêté ou non.

            Apparaissent surexposés les ménages de catégories supérieures urbains, habitant la région méditerranée et surtout la région parisienne. (pour lire la suite, cliquer ici ).

Conclusion

            Au total, dans le dernier quart de siècle, l’évolution des cambriolages de résidence principale montre une forte tendance à la baisse suivie d’une reprise marquée au cours de la dernière décennie.

            Enfin, le comptage policier ne constitue pas un indicateur très fiable de cette sorte de victimation, en raison notamment d’un sous-enregistrement des tentatives. Il en indique cependant la tendance globale.

            On observe une surexposition des ménages à statut socioprofessionnel favorisé, plus que proportionnellement urbains, mais surtout parisiens ou franciliens.

 

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Pour les problèmes méthodologiques communs à toutes ces observations dans la durée des délinquances, cliquer ici.

 

Références

Gagneron W., Ledorh M., Jobic Y., Proix É., 2014, L’enregistrement des plaintes par les forces de sécurité intérieure sur le ressort de la préfecture de police, Paris, Inspection générale de l’administration / Inspection générale de la police nationale.

Robert Ph., Zauberman R., 2011, Mesurer la délinquance, Paris, Presses de Sciences Po.

Rouzeau M., Sintive J.C, Loiseau C., Savin A., Kabla-Langlois I., Loron C., 2013, Rapport sur l’enregistrement des plaintes par les forces de sécurité intérieure. Tome 1,  Tome 2: annexes. Paris, Inspection générale de l’administration.

Notes

[1] Le rapport de l’Inspection générale de l’administration (Rouzeau & al., 2013, 24) sur L’enregistrement des plaintes par les forces de sécurité intérieures confirme qu’une tentative de cambriolage peut donner lieu à l’établissement d’un simple procès-verbal pour dégradations légères, une contravention qui n’est pas décomptée dans les statistiques de police (dans le même sens pour le ressort de la Préfecture de police de Paris voir Gagneron & al., 2014).

[2] Avant 1972, les cambriolages de la résidence principale sont confondus dans un poste ‘autres vols qualifiés’ ce qui empêche de saisir le moment où démarre le raz de marée des cambriolages. C’est la raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur n’a pu reconstituer à l’échelle semi-séculaire qu’une série globale de tous les vols (reproduite in Robert, Zauberman, 2011, 115).

 

Voir aussi Observer dans la durée le sentiment d’insécurité

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