Observer dans la durée les vols personnels
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I. De moins en moins de volés
Cette victimation ne concerne qu’une petite fraction de la population résidant en France métropolitaine, moins du vingtième.
S’il est possible qu’elle ait crû entre le milieu des années 1980 et le milieu de la décennie suivante, elle a ensuite adopté une tendance à la baisse qui ne s’est interrompue que quelques années autour de 2000. Si les dernières enquêtes marquent une certaine remontée, pour autant la tendance de long terme demeure orientée à la baisse (pour lire la suite, cliquer ici)
Figure 1 : Vols personnels, victimes dans la population (prévalence), diverses enquêtes, 1984-2020*
Les enquêtes régionales et locales disponibles donnent à voir des prévalences qui sont toujours supérieures à celles des enquêtes nationales (figure 1), probablement parce qu’elles ont été réalisées dans des milieux très urbanisés alors que les campagnes nationales couvrent aussi naturellement des territoires peu urbanisés, voire très ruraux. Cependant, l’orientation à la baisse observée au début du 21ème siècle s’est interrompue en Île-de-France une dizaine d’année plus tard alors qu’elle se poursuivait sur l’ensemble du territoire métropolitain. La forte poussée des vols franciliens à partir de 2010 s’est interrompue en 2019-20 – un moment marqué par le début de la pandémie de COVID et des confinements – sans que l’on puisse préjuger de la suite de l’évolution ultérieure.
II. Une comparaison difficile entre sources
On s’étonne de voir la statistique policière constamment en dessous des estimations de plainte fournies par les enquêtes jusqu’en 2002-03 puis de plus en plus au-dessus à partir de 2003-04 (pour lire la suite, cliquer ici)
Figure 2 : Vols personnels, enquêtes et statistiques de police, en milliers – 1984-2020*
III. Les vols violents : un ordre de grandeur sans changement
Figure 3 : Vols violents. Victimes dans la population (prévalence), enquêtes diverses 1999-2020*
Figure 4 : Vols violents (incidence, incidence apparente, données policières,) en milliers –2003-2020*
La comparaison avec les données policières[1] (figure 4) laisse surtout voir une distance assez inattendue entre les ordres de grandeur des deux sources : on imaginerait facilement un renvoi systématique à la police ou à la gendarmerie ; il n’en est rien, probablement parce que, sous le label global de vol violent, se rangent des victimations très hétérogènes, de l’agression caractérisée d’une vieille dame au racket entre lycéens, qui n’entraînent pas toutes un renvoi systématique[2]. En tous cas, les deux sources sont assez bien corrélées (0,76). La corrélation entre données policières et estimés d’incidence apparente est encore meilleure (0,84) (pour lire la suite, cliquer ici ).
IV. Le profil des volés : une surreprésentation de jeunes urbains
Pour caractériser le profil des volés, nous allons travailler sur l’empilement des enquêtes Cadre de vie et sécurité (CVS) de l’INSEE. Nous chercherons en quoi leurs caractéristiques se singularisent par rapport à celles de l’ensemble de l’échantillon, en nous attachant d’abord aux victimes d’un vol simple, puis à celles qui ont subi un vol violent.
Parmi les victimes de vols simples, les jeunes (18-29 ans) sont nettement surreprésentés, ainsi que ceux qui vivent dans de grandes unités urbaines (plus de 100 000hab.).
Le profil des victimes de vols violents ressemble beaucoup à celui des victimes de vols simples, mais certains traits sont plus accentués : la surreprésentation des 18-29 ans et celle des résidents de l’agglomération parisienne (pour lire la suite, cliquer ici)
Conclusion
Au total, d’après les données nationales de victimation, l’évolution des vols personnels dans le dernier quart de siècle traduit une tendance globale à la baisse que l’on ne retrouve guère dans les données policières.
La tendance est différente dans les enquêtes franciliennes qui témoignent d’une vive reprise depuis 2011-12.
Quant à l’importance des vols violents, les enquêtes régionales et locales – qui concernent des espaces très urbanisés – la situent à un niveau plus élevé que ne le suggèrent les enquêtes nationales.
Tout comme les vols simples, les vols violents touchent particulièrement une population des jeunes urbains, mais leur concentration en région parisienne – et même dans l’agglomération parisienne – est beaucoup plus accentuée.
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Références
Robert, Ph., Zauberman, R., 2013, Profils de victimation. Une palette de scènes sociales. In Kuhn, André et al. (eds) Kriminologie, Kriminalpolitik und Strafrecht aus internationaler Perspektive. Festschrift für Martin Killias zum 65t. Geburtstag/ Criminologie, politique criminelle et droit pénal dans une perspective internationale. Mélanges en l’honneur de Martin Killias à l’occasion de son 65e anniversaire/ Criminology, Criminal Policy and Criminal Law in an International Perspective. Essays in honour of Martin Killias on the occasion of his 65th birthday, Berne, Stämpfli, 395-410.
Notes
[1] On a retenu les index 4 (tentatives d’homicides pour voler et à l’occasion de vols), 8 (prises d’otage à l’occasion de vols), 11 (menaces ou chantages pour extorsion de fonds), 18 (vols à main armée contre des particuliers à leur domicile), 19 (autres vols à main armée), 21 (vols avec arme blanche contre des particuliers à leurs domicile), 22 (autres vols avec arme blanche), 24 (vols violents sans arme contre des particuliers à leur domicile), 25 (vols violents contre des femmes sur voie publique ou autre lieu public), 26 (vols violents sans arme contre d’autres victimes).
[2] Cette hétérogénéité apparaît clairement lorsqu’on construit des profils de victimations : Robert, Zauberman, 2013.